Thursday, September 24, 2009

Honduras

Honduras : le régime recourt à la répression - Insurrection dans les
quartiers ouvriers


Hier, mardi 22 septembre, la police et l’armée ont violemment attaqué des
milliers de partisans du président légitime du Honduras, Mel Zelaya, qui
s’étaient rassemblés devant l’ambassade du Brésil. Zelaya avait été
renversé par un coup d’Etat, le 28 juin dernier. Depuis, les travailleurs,
les paysans et la jeunesse ont maintenu un mouvement de résistance
héroïque face au gouvernement putschiste de Micheletti. A la surprise
générale, Zelaya est parvenu à rentrer au Honduras et à trouver refuge
dans l’ambassade du Brésil, le lundi 21 septembre, d’où il a lancé un
appel à la mobilisation populaire pour le protéger.

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées devant
l’ambassade du Brésil, malgré le couvre-feu imposé par le régime de
Micheletti. Le retour de Zelaya, qui a galvanisé les forces du mouvement
de résistance, est une atteinte directe à l’autorité de putschistes. Ils
ne pouvaient pas ne pas réagir. A six heures du matin, profitant du fait
que la plupart des manifestants étaient rentrés chez eux, dans la nuit, la
police et l’armée ont attaqué les 5000 manifestants qui étaient restés
devant l’ambassade. La répression fut brutale et le combat inégal : les
manifestants ont été chassés des lieux.

Plus de 200 personnes ont été arrêtés et amenés dans le stadium de Chochi
Sosa. Des sources font état de 80 personnes transportées à l’hôpital et de
deux morts – bien que ces informations n’aient pas pu être confirmées. Du
fait de la répression, du blocus médiatique et du couvre-feu, il est
difficile d’obtenir des informations fiables.

Toute la journée de mardi, la situation est restée extrêmement tendue, à
l’extérieur de l’ambassade. La police et l’armée ont occupé tous les
bâtiments environnant l’ambassade, ce qui a donné jour à une rumeur selon
laquelle le régime se préparait à donner l’assaut contre le bâtiment
diplomatique, à tuer le président Zelaya et à maquiller cet assassinat en
suicide. Le régime de Michelleti est parfaitement capable d’une telle
action. Mais il doit probablement en redouter les conséquences
internationales.

La répression brutale n’a pas brisé la volonté de résistance du peuple
hondurien. Suivant les mots d’ordre du Front National de Résistance, il y
a eu des manifestations de masse et des barricades dans tous les quartiers
ouvriers de la capitale, Tegucigalpa, ainsi que dans de nombreuses autres
villes du pays, y compris de petites communautés rurales.

Le Front National de Résistance fait état de manifestations dans les
quartiers ouvriers suivants de la capitale : Colonia La Canada, 21 de
febrero, Nueva Era, Victor F. Ardon, El Reparto, Centro America Oeste,
Villa Olimpica, Colonia El Pedregal, El Hatillo, Cerro Grande, Barrio
Guadalupe, Barrio El Bosque, Colonia Bella Vista, Barrio El Chile, El
Picachito, La Cantera, Colonia Japon, El Mirador, La Finca, Alto del
Bosque et Barrio Buenos Aires. Dans de nombreux cas, des barricades ont
été érigées pour empêcher la police et l’armée d’entrer. D’après Radio
Globo, un commissariat de police a été occupé par les manifestants, à San
Francisco.

Les mêmes scènes se répètent dans tout le pays. Des manifestations et des
affrontements avec la police et l’armée auraient eu lieu à Guadalupe,
Tocoa, Colon, Trujillo, Tela, Triunfo de la Cruz, San Juan Tela, Cortez,
San Pedro Sula, Progreso, Choloma, Santa Bárbara, Copan, Lempira,
Intibuca, La Esperanza, La Paz, Marcala, Comayagua, Siguatepeque, El
Zamorano, Paraiso, Comayaguela, Choluteca et Zacate Grande – entre autres.
Un membre de la direction de la résistance parle d’une « insurrection »
des quartiers ouvriers et pauvres de la capitale. Cette résistance massive
se développe malgré un blocus médiatique quasi-complet.

Dans le même temps, le régime de Micheletti a tenté de montrer sa force en
tenant une conférence de presse aux côtés des principaux représentants de
la plus grande organisation patronale du pays, la COHEP, qui s’est engagée
à le soutenir pleinement. Ceci dit, l’unité du régime dépendra de sa peur
du mouvement des masses. D’importantes sections de la classe dirigeante
commencent déjà à considérer la possibilité de chercher un accord avec
Zelaya, dans le but d’éviter le renversement complet du régime. Quant à
Micheletti, les conditions qu’il propose – Zelaya ne serait pas président
; il devrait accepter la légitimité des élections du 29 novembre
organisées par les putschistes ; il devrait accepter d’être jugé par un
tribunal – sont clairement inacceptables. Elles sont une provocation pure
et simple.

Une énorme pression s’exerce sur les putschistes et les capitalistes
honduriens. Plusieurs millions de dollars ont été perdus dans cette crise
révolutionnaire, et certains capitalistes doivent se demander combien de
temps ils peuvent tenir. Surtout, ils s’inquiètent des conséquences
révolutionnaires d’une attitude trop bornée, de la part de Micheletti.

Les heures et les jours à venir seront décisifs. Les structures du Front
de Résistance ont prouvé leur capacité à maintenir la mobilisation, et
dans certains cas à chasser les forces de répression hors des quartiers.
Aujourd’hui, il y aura une bataille pour le contrôle des principales rues
de la capitale. Les comités d’action du Front doivent étendre leurs tâches
et prendre le contrôle de la vie quotidienne, dans ces zones. L’armée a
pris le contrôle de l’Entreprise Nationale d’Energie, coupant
l’électricité et l’eau dans plusieurs quartiers. Les militants syndicaux
de ces entreprises et les comités de résistance doivent agir de concert
pour rétablir l’approvisionnement en eau et électricité.

Il est très probable que la manifestation d’aujourd’hui sera sévèrement
réprimée par la police et l’armée. Ses organisateurs doivent constituer
organes pour la défendre – et, si possible, contre-attaquer. Un appel doit
être lancé à la base de l’armée, dans le sens de ce qu’a dit Zelaya, ces
derniers jours : « ne tirez pas sur le peuple ; retournez vos fusils
contre vos officiers ». Les soldats ordinaires de l’armée hondurienne sont
les enfants de la classe ouvrière et des pauvres du pays. Leurs familles
et amis doivent mener une campagne systématique pour les convaincre de
rallier le peuple. Cependant, en dernière analyse, ce qui brisera l’armée
et le régime sera la réalisation que les travailleurs, les paysans et les
pauvres sont les véritables maîtres de la situation – sur la base de
manifestations et d’une grève générale insurrectionnelle.

Vive la lutte du peuple hondurien !
A bas la dictature de Micheletti ! A bas l’oligarchie !
Manifestations de masse, grève générale et insurrection nationale !

Jorge Martín, le 23 september 2009

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